Réflexion sur l'état du marché de la bande dessinée en France

Publié le par Julius81

En me promenant dans un magasins vendeur de biens culturels, je me suis étonné de la place attribuée à la bande dessinée et aux mangas. Les seconds sont en pleine expansion dans l'Hexagone, mais je crois que vous le savez.

La Bande dessinée est elle implantée depuis plus lontemps.

Le neuvième art, comme on dit.  euuh... "art" ?  Vraiment ? Je vais vous expliquer pourquoi j'arrive à  me dire que le terme "art" en  bande dessinée est parfois usurpé.

 

Je ne vous cache pas, mes premières bandes dessinées, c'était Boule et Bill et Tintin. J'ai d'ailleurs pas mal d'albums  de ces séries. Je n'ai pas échappé non plus à Astérix ni à Gaston Lagaffe . Au collège, j'ai découvert Léonard ,bonne parodie du génie de la renaissance, Les femmes en blanc, avec de l'humour noir , Idées Noires de Franquin, Canardo, Soda, et  pas mal d'autres. J'en ai suivi certaines pendant un temps, je suis resté fidèle à d'autres.  Au lycée, je lisait les le Chat de Geluck. J'adore l'humour absurde. J'ai oublié de mentionner Joe Bar Team...

 

Le point commun de  ces bandes dessinées,  c'est qu'elles sont apparues pour occuper un créneau  qui était jusque là libre.  C'était des créations originales.  Et c'était le cas des années 50 aux années  90.  Ce le fut moins  à partir des années 2000. Outre la concurrence venue du Japon , et ce n'est pas un mal ( n'est-ce pas, enfoiré d'Uderzo même plus capable de pondre un album d'Astérix  correct ? ) , les raisons sont diverses.

Les séries installées de longue date perdurent, telles Boule et Bill ( Roba a passé le relais avant sa mort), Léonard en est à sont 41è album ( rien que ça, c'est un record), Les femmes en blanc ne doivent plus être très loin de ce compte non plus.

Le problème qui se pose est qu'avec un aussi grand nombre d'albums, le manque de renouvellement  de gags se fait parfois sentir.

Il n'en reste pas moins que ces créations ont été des oeuvres de l'esprit,  ce que j'entends par là, c'est  que leurs auteurs doivent  se creuser la tête un minimum pour inventer des histoires ou des gags. 

 

Dans les années 2000 c'est devenu plus difficile de  percer.  Alors on fait quoi ? 

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Alors on clone.

Le Petit Spirou a fait des émules... Les gamins, c'est un marché porteur  : Je cite en vrac : Les gosses, les Pt'tits Diables, Les Sisters, Cédric, et bien sur Titeuf. Toutes n'ont pas commencé  dans les années 2000.  Mais rien qu'avec ça, car j'en ai surement oublié, dur de s'y retrouver. Si certaines sont drôles, et font l'objet de recherches pour les gags ou histoires, ce n'est pas le cas de toutes. Les gosses, Sisters et P'tits Diables ont bien du mal à me convaincre que c'est recherché au niveau scénario. Parfois même au niveau du dessin, c'est pareil...

 

Alors on décline.

Pour se renouveler, les auteurs de Lanfeust ont décliné l'univers de Troy en plusieurs cycles  et histoires. Même si je n'accroche pas à Lanfeust, je ne peux que saluer l'envie de faire découvrir d'autres faces d'un univers. 

 

Alors on fait  dans le facile. D'où le problème...

 Ah, ça...  j'entends par facile tout ce qui est  BD   qui sert à catégoriser les gens : Et  c'est là où je veux en venir,  c'est que ces bandes dessinées envahissent le marché.  L'exemple le plus frappant est le cas de la bande dessinée Les Blondes :  Plus de dix tomes parus en cinq ans d'existence ! Cela vous paraît étonnant ? Pas tant que ça . Ca, c'est la BD facile , où tu prends un recueil de blagues sur les blondes, tu les lis, tu les mets en cases , et tu répartis le texte et voilà, voilà comment on fait un album en deux leçons. Le problème c'est ça, c'est que c'est du vu, lu entendu déjà plein de fois . Où est la création artistique là-dedans ? Nulle part. Zéro imagination, et le pire c'est que ça se vend! Ben oui parce que sinon, il n'y aurait pas autant de tomes...  Si un éditeur voit  que les ventes ne décollent pas, il stoppe les ventes, il n'est pas fou. 

Les blondes ne sont qu'un symptôme de ce genre de productions  faciles, telles celles sur les Gendarmes ( l'Agent 212, c'est du poulet ?  Mouarf, je ne m'en vanterai pas de celle-ci), les rugbymen, les Pompiers, les Belges,  les footballeurs  etc.  ou encore les BD consacrées à Bigard ou Palmade, ah oui tiens, les comiques de spectacle on n'y avait pas pensé, on a heureusement échappé pour le moment à Dubosc et Gerra. Juste un gros LOL quoi. 

Autre chose aussi qui fait la joie de certains auteurs faciles : INTERNET.  Tiens, un BD sur les geeks... ah ouais... mais c'est du vu, revu, rerevu 1000 fois!  Mais même si elle est mauvaise ce n'est pas la pire. Ceux qui ont fait la BD accros d'MSN mériteraient d'être pendus haut et court. Je suis dur, certes, mais reprendre sans vergogne des logs de bashfr et danstonchat  pour le mettre en BD,  ça demande pas beaucoup de boulot. Sans compter que les couleurs donnent envie de gerber...  Mais merde, on a fait quoi pour mériter ça ? Non, le monde de la bande dessinée franco-belge ne  mérite pas des plagiats  de blagues  appartenant au domaine populaire pour que  cela le devienne, justement, populaire, c'est déjà le cas! 

 

Pourquoi, pour un Blacksad, ou un album fait par Enki Bilal ,car il ya toujours des BD qualitativement excellentes,ou des séries qui trouvent un angle original sur un thème,  même si cela se raréfie,  faut-il que cela soit noyé  sous des tonnes de  BD sur les blondes, les geeks, les pompiers ?  Et on ose parler d'art ? Ben non désolé. CA ce n'est pas de l'art. Juste de la facilité, symbole d'un opportunisme  cynique qui sature le marché.

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Cependant, si les auteurs , en général  sous pseudonymes lorsqu'ils font leurs séries " faciles"  sont responsables, les maisons d'édition on aussi leur par de responsabilité.  Enfin, pas toutes,  mais les BD "faciles" sont en majorité publiées  par la maison d'édition toulonnaise Soleil Productions. Elle publie aussi de bonnes séries, mais également de vraies merdes. On veut publier des choses, c'est bien. C'est compréhensible. Mais doit-on pour cela sacrifier la recherche de projet originaux, ainsi que de jeunes auteurs ne demandant qu'à percer,  au profit de l'argent facile sur des projets que même moi j'aurais pu mettre sur pied ?  Arrêtons un peu! Publier, c'est bien. mais il faut aussi faire le tri entre  banalités et projets originaux.  Je me demande s'il y a quelqu'un qui s'occupe sérieusement de ça chez Soleil. 

 

Je ne peux pas non plus terminer ça sans  critiquer les rayonnages BD dans certains magasins, où  ces types de bandes dessinées faciles sont mises (trop) en avant, au détriment de certaines autres, bien plus riches qualitativement. C'est dommage, mais CA se vend  et   le grand public, il va pas aller chercher une boutique spécialisée  en BD , tant qu'il est chez Fnouc  ou la Vierge Mégarideau  ( store, rideau...ok, je sors),  pour faire des cadeaux, il en profitera pour passer au rayon BD...  Ca se comprend. 

 

Mais voilà... Le monde de la BD sature. Surproduction  de banalités, de merdes pour  plaire à plus de gens possible. Cet art n'a pas besoin de ça. Publier, oui certes. Mais parfois, il serait bien de publier MOINS, mais MIEUX.  Mais après tout, toute oeuvre a droit d'être publiée, le public fera ensuite le tri... Ou pas, jsutement. Et c'est bien là le grand malheur de la bande dessinée.

Publié dans BD franco-belge-manga

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S
<br /> Je crois que tu as tout dit. Ca ne se résume pas à la BD d'ailleurs, la tendance à la prédominance de la médiocrité sur l'originalité et le talent se retrouve dans la musique (voir ce qu'on met en<br /> avant dans les médias et les lieux d'achat), les manga (hé oui, pas mal de nullités là aussi!), le cinéma (les adaptations de BD sont d'ailleurs quasiment toujours de sombres bouses, Astérix en<br /> tête...). Je rejoins ton avis sur le fait que Les Blondes sont une atrocité, mais que dire des BD politico-humoristiques qui sont le plus souvent navrantes, nullement drôles et très vite périmées<br /> (car basées sur l'actualité), ce qui n'est rattrapé ni par le fond ni par la forme. Quel gâchis de papier, vraiment.<br /> <br /> <br />
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