[critique BD] Le sommeil du monstre

Publié le par Julius81

Avant toute chose, ce lundi 2 mai 2011, vous avez probablement vu comme moi, la pub d'une marque de chewing-gum sur Nolife ... Blague de geek à part, si vous avez ensuite zappé sur les actualités, vous avez sans doute du voir sur  BFM TV ou I>télé  des éditions spéciales et de gros synthés titrant sur la mort d' Oussama Ben Laden.Mais ce blog n'est pas fait pour  débattre de l'actualité.Quoique...

Je n'ai pas choisi non plus cette date au hasard pour publier la  critique d'un livre, un roman graphique plus qu'une bande dessinée faite par Enki Bilal.

Je veux parler bien entendu de le Sommeil du Monstre. Et je ne sais pas, mais la relisant régulièrement, je trouve qu'il a quelque chose de prohétique sur bien des aspects. Notamment après le 11 septembre 2001.  Déjà, dans l'ouvrage, il y a un attentat sur la Tour Eiffel.

Plus troublant encore : si vous lisez les petites lignes sur la page de gauche,avant le début de l'histoire , vous pouvez voir qu'il a été achevé d'imprimer et que le dépôt légal a  été déposé en septembre 1998, soit  trois ans  avant les attentats du World Trade Center. C'est effrayant, quand on y pense maintenant...Même si ce n'est qu'un hasard.  Mieux encore, l'organisation  équivalent d'Al Qaeda  s'appelle  Obscurantis Order, qui est une organisation intégriste et terroriste, prônant une religion radicale.Une double page au centre de l'ouvrage nous  décrit les actions de  cette organisation intégriste du futur. Au début, Nike, le héros, se trouve à New York.

Voici pour les éléments les plus évidents. J'adore cet ouvrage, mais il a un fond tout de même terrifiant si on le met en rapport avec le monde réel...

 

Donc, dans ce roman graphique,  nous sommes en 2026. Nike Hatzfeld est un orphelin  de Sarjevo né en 1993 en plein dans le conflit qui a déchiré la Yougoslavie. Il possède une mémoire phénoménale et tente de remonter jusqu'au jour de sa naissance, et veut dans le même temps, retrouver Leïla et Amir, les deux bébés qui étaient avec lui à l'hôpital et qu'il a juré de protéger. Tout l'ouvrage est articulé  sous forme de compte à rebours des 18 premiers jours de vie de Nike.Mais il ne sait pas encore qu'il est recherché par une organisation obscurantiste.

Ce qui frappe, c'est la noirceur qui se dégage du livre. Avec la guerre de Yougoslavie en toile de fond.  C'est construit de façon magistrale, bien écrit et on est happé par l'histoire, qui est contée de trois points de vue différents. C'est aussi une dénonciation de certaines dérives, notamment scientifiques, avec le clonage, mais aussi du terrorisme ou des armes de guerre. Le fait qu'il s'agisse du  conflit des Balkans  n'est pas anondin :  Enki Bilal est né à Blegrade et son père est Bosniaque, je comprends qu'il ait voulu dénoncer  ce conflit, celui du pays qui l'a vu naitre. Une façon sans doute pour lui, d'exorciser ses démons,  ses blessures interieures, d'où le titre.Nike est aussi le prisme par lequel il réussit cela. Faites donc l'anagramme des prénoms...C'est un livre dédié à la mémoire, mémoire du monde, mémoire collective et individuelle. C'est ce qui fait que nous sommes uniques... mais surtout, pour ne pas oublier. L'amnésie  est suicidaire et peut mener à  ce mal qu'est l'extémisme. 

J'ai acheté ce livre  dès sa sortie. Trois ans avant, on ne pouvait prédire les attentats  du World Trade Center. Et pourtant... C'est d'autant plus prédictif  qu'à la fin, lorsque Nike remonte au jour de sa naissance, il y a écrit :  "Et c'est la chute..." C'est ce qui est arrivé aux Tours Jumelles...

Si vous n'avez pas lu ce roman graphique, je vous conseille très vivement de le faire. Comme je vous le dis, avec les évènements qui se sont passés depuis dans l'histoire du monde,  sa profondeur n'est que plus grande encore.

sommeil du monstre

Publié dans BD franco-belge-manga

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